Qu’est-ce que le Metaverse ?
Il y a ceux qui vont se référer a des origines étymologiques du mot Metaverse et à son origine dans un roman de science-fiction.
Mais finalement, l’étymologie n’aide pas, et ne donne aucune légitimité, nous allons donc sauter allègrement cette étape. Il est plus utile et difficile de voir le sens que prend le mot actuellement. Et ce n’est pas trivial.
D’abord, parce que depuis l’annonce de Meta, il est utilisé par une partie de l’industrie, parfois à juste à titre, parfois par pur opportunisme. Du Metaversewashing.
Ce qui peut donner des définitions aussi variées qu’orientées. En fait, le Metaverse n’existe pas encore, ce qui n’aide pas.
Voici une tentative d’une définition simple de ce que cela pourrait être :
Le Metaverse est un univers virtuel en 3D ou les utilisateurs peuvent interagir dans une unité de
lieu et d’espace, sous forme d’avatars. J’ajouterai le principe de persistance qui fait que cet univers existe et évolue même en dehors de la présence de participants. Ce qui disqualifie de nombreux usages VR.
Ces concepts – disons surtout avec une ambition sociale – qui ont déjà mis été sur le marché, initialement, avec le deuxième monde de Canal+ ou plus tard avec Second Life.
Souvent d’ailleurs avec un niveau d’interaction très pauvre et un manque de finalité. C’était à mon sens toute la pauvreté de Second Life ou aujourd’hui celle d’un VR Chat. Dans ces cas-là, il s’agit d’une sorte de métaphore du réseau social, en 3D/VR. Avec des contraintes d’immersions et une vue trop universelle du Metaverse pour une efficacité réelle : en gros on est libres sans contraintes, on peut tout faire, mais finalement rien de bien stimulant car la technologie n’est pas prête.
Mieux vaut voir du côté des jeux vidéo ou les concepts d’univers partagé, persistants et riches sont éprouvés. Avec des univers, un gameplay plus abouti et plus marqué. Ce que sont ou ont été World of Warcraft – ou Ultima online pour les puristes.
Le phénomène médiatique est fascinant. D’une part car, au final, le Metaverse est un concept pour le
moment très individuel porté par différentes sociétés en concurrence dont on sent qu’elles veulent en être les régentes, tout en vendant le rêve d’un monde parallèle. Bref, le marché s’oriente plus vers des multi-metaverse, en attendant une hypothétique Pax romana : une sorte de réalité universelle, indépendante et collective à la Wikipedia. Ce sera le Metaverse.
Certains évènements émergent, comme des concerts ou des salons virtuels, ou des systèmes de réunions en réalité virtuelle visiblement portés par l’épidémie de COVID, mais sur des supports différents et concurrents. A commencer par Fortnite, une plateforme de jeu.
L’extension du domaine de la propriété dans le Metaverse : la blockchain et les NFTs
Si des concepts comme la propriété foncière, immobilière ou mobilière étaient déjà présents dans
Second Life, la fusion du Metaverse et des NFTs facilitent le développement virtuelle de ces comportements bien humains.
Grâce au NFTs : l’objet numérique que ce soit une terre, une épée, des gênes ou un véhicule est rendu
unique (ou en nombre limité) dans l’univers virtuel.
D’où l’émergence d’une économie ou les joueurs peuvent créer, acheter, vendre, spéculer. Comme dans SandBox ou Decentraland ou même les noms se négocient. Bien entendu en crypto monnaie, parfois celles-ci étant créées ad hoc pour la plateforme.
L’exposition et le succès croissant de ces plateformes poussent des marques à investir très tôt pour assurer leur présence. A commencer par acheter une terre, y construire un bâtiment et créer des activités. Tout cela fréquemment via OpenSea, une plateforme d’échange et enchères de NFTs. Résultat: des prix qui grimpent avec l’effervescence liée au Metaverse, dans des monnaies qui elle-même fluctuent avec la spéculation. Une des conséquences : ces premiers essais de Metaverse injectent dans une activité ludique une forte de dose de vénalité, et reproduisent sans doute des excès capitalistiques dont on pourrait se passer dans ce nouveau monde. On a reintroduit de la rareté dans un monde d’abondance. Avec l’apparition du Play2Earn, et bien sûr la crainte de la main mise d’une entreprise qui dans un monde virtuel deviendrait encore plus omnisciente et manipulatrice.
Attention, je modère mon propos. Derrière ces abus, il y a des audiences et de la créativité positive.
Metaverse, NFT : la conquête de l’Ouest ?
Que le Metaverse soit un Far west est une certitude. Que nous allons devoir vivre avec, dans le domaine professionnel et personnel est évident et aussi une belle platitude.
Plutôt que de placer laborieusement le Metaverse sur une hypecycle de Gartner – qui est en général plus utilisée à posteriori. On pourrait comparer le Metaverse est un serpent de mer qui réapparait aujourd’hui, plus fort, plus armé et adossé à une autre révolution en route : la blockchain et c’est là aussi la particularité : le double effet innovant. Autre certitude : il y a des projets qui vont échouer, des opportunités à prendre, une bulle qui va éclater. Et c’est à ce moment que nous verrons apparaître les vraies fondations du Metaverse.